L’open data, ou données ouvertes, représente une opportunité majeure pour stimuler le développement en Afrique, et particulièrement au Cameroun. En rendant accessibles des informations autrefois confinées, les gouvernements peuvent favoriser la transparence, l’innovation et la participation citoyenne. Cependant, l’état actuel de l’open data sur le continent révèle des défis significatifs à surmonter.
État des lieux en Afrique
Selon la troisième édition du Baromètre des Données Ouvertes, publiée en 2016, l’Afrique subsaharienne accuse un retard par rapport aux autres régions en matière d’utilisation et d’impact des données ouvertes. Aucun pays de cette zone ne figure parmi les 40 premiers du classement mondial, et six d’entre eux se trouvent parmi les dix derniers. Globalement, seuls 10 % des 1 380 jeux de données analysés étaient ouverts, et seulement deux provenaient d’Afrique.
Cette situation s’explique par plusieurs facteurs, notamment le manque d’engagement politique durable, des ressources limitées et une infrastructure technologique insuffisante. De plus, les initiatives en matière de données ouvertes souffrent souvent d’un manque de coordination et de suivi, ce qui entraîne des bénéfices à court terme non pérennes.
Focus sur le Cameroun
Au Cameroun, l’Institut National de la Statistique (INS) joue un rôle central dans la collecte et la diffusion des données. Par exemple, en 2023, le pays a enregistré une croissance du PIB de 3,2 % et un taux d’inflation de 7,4 %. Le taux de pauvreté était de 38,6 % en 2021.
Bien que ces statistiques soient disponibles, leur accessibilité et leur utilisation restent limitées. Le Cameroun se classe au 78e rang sur 92 pays dans le Baromètre des Données Ouvertes, avec un score de 6,57 sur 100, reflétant une faible performance en termes de préparation, d’implémentation et d’impact des données ouvertes.
Levier de développement
L’adoption de politiques d’open data peut servir de levier pour le développement socio-économique du Cameroun. En rendant les données publiques accessibles, le gouvernement peut encourager l’innovation, améliorer la transparence et renforcer la participation citoyenne. Par exemple, des données ouvertes sur l’éducation pourraient aider à identifier les zones nécessitant des investissements, tandis que des informations sur la santé pourraient améliorer la réponse aux épidémies.
Recommandations
Pour tirer pleinement parti du potentiel de l’open data, il est essentiel que le Cameroun :
- Renforce l’engagement politique : Les autorités doivent démontrer une volonté claire de soutenir les initiatives de données ouvertes et de les intégrer dans les politiques publiques.
- Améliore l’infrastructure technologique : Investir dans des infrastructures numériques robustes est crucial pour faciliter la collecte, le stockage et la diffusion des données.
- Encourage la collaboration : Une coopération étroite entre le gouvernement, le secteur privé, la société civile et les institutions académiques peut favoriser l’utilisation efficace des données ouvertes.
- Assure la formation et le renforcement des capacités : Former les fonctionnaires et sensibiliser le public à l’importance des données ouvertes peuvent stimuler leur utilisation et leur impact.
En adoptant ces mesures, le Cameroun pourra non seulement améliorer sa position dans les classements internationaux, mais surtout utiliser l’open data comme un moteur de développement durable et inclusif.
